Gerhard
Schneider, SFA Auvillar
Groupe de travail (Learning platform) le 6.7.2005 dans le
cadre de l’atelier commun avec apprenants et experts
à Auvillar sur le thème « Globalisation
et Régionalisation ».
Aspects éthiques pour le marketing
en formation continue pour adultes en Europe
Notre projet Grundtvig « Compétences en Marketing
des Intervenants en Formation Continue – Competencies
in Marketing for Trainers in Continuing Education (CMCE)
» nous a jusqu’ici, sur le chemin d’un
partenariat éducatif, conduits dans beaucoup de domaines
pratiques du marketing. Au cours des rencontres nous avons
étés sensibilisés aux différences
interculturelles dans le domaine du marketing de l’éducation,
et nous avons vu également les conséquences
et les limites des possibilités économiques
dans un monde globalisé. Notre projet resterait tronqué
si nous ne considérions pas le marketing sous ses
aspects éthiques. C’est le contenu de l’éthique
de l'économie. L’éthique dans le marketing
de l’éducation et dans l’éducation
des adultes touche, en outre, à l’éthique
de la pédagogie, qui depuis les époques les
plus reculées se consacre aux tâches de la
pédagogie. Nous ferons donc dans ce domaine aussi
une brève incursion. – Nous laisserons cependant
de côté dans notre réflexion la discipline
crée aux Etats Unis depuis environ 1985 appelée
« Business ethics »; d’une part, parce
qu’elle se réfère presque exclusivement
à la pratique américaine de l’économie
et d’autre part parce que son caractère très
concret ne permet pas de l’appliquer au marketing
de l’éducation en Europe.
L’éthique est une discipline de la philosophie.
Elle utilise d’autres modèles et d’autres
méthodes scientifiques que les sciences naturelles
et les sciences économiques. Si l’on considère
les grandes différences dans les traditions de l’éducation
qui existent en Europe, il ne va pas de soi se comprendre
d’emblée. Nous devons donc aborder notre sujet
prudemment, lentement, et peut-être de façon
détournée.
Ethique – Économie – Ethique de l’économie
Il n’y a pas qu’en Allemagne que les appels
pour une éthique dans l’économie se
sont font entendre. Beaucoup de personnes ne peuvent pas
comprendre comment il est possible qu’un tiers de
l’humanité doive vivre avec moins d’un
Euro par jour. Comment expliquer que, malgré la masse
gigantesque du capital, un chômage endémique
domine partout y compris en Europe centrale, que ne cesse
de croître les menaces sur la qualité de vie
et que la destruction de l’environnement devienne
de plus en plus voyante. A ceci s’ajoute enfin une
crise globale des Etats au sein desquels la volonté
politique n’a plus l’air d’émaner
du peuple, mais de l’argent. – Il est bien connu
que l’on a recours à l’éthique
et à des commissions d’éthique lorsque
la recherche, l’économie et la politique sont
acculées à des problèmes insolubles.
Qu’entendons-nous par éthique ? Qu’entendons-nous
par économie ? Qu’entendons-nous enfin par
éthique de l’économie ?
Si l’on s’interroge sur le sens et but de l’économie,
en général, du point de vue de la philosophie
ou de l’anthropologie philosophique, on parvient à
cette réponse très simple : l’économie
est la mise à disposition de moyens permettant à
l’homme son existence et, pour ce faire, augmente
la masse des biens. On peut prouver cela de façon
convainquante depuis les débuts de l’humanité.
On pourrait donc dire : l’économie n’a
pas de but en soi, elle est là pour l’homme.
Lorsqu’un chose n’a pas de sens et de but en
soi, elle n’est pas autonome et indépendante.
Mais même lorsqu’il existe un certain système
de l’économie doté de lois propres,
l’économie, du fait qu’elle se base sur
une entité globale sociale, reste toujours dépendante
de réflexions morales ou éthiques. L’homme
doit toujours rester la ligne de mire et le critère
de conduite. Pour Oswald von Nell-Bräuning il en résulte
que l’éthique a la priorité sur l’économie.
«L’économie est un tissu cohérent
d’activités humaines ayant pour but de subvenir
aux besoins, c’est à dire l’approvisionnement
en tout ce dont l’homme a besoin, en tant qu’être
doué d’esprit et de corps vivant dans l’espace
et le temps, pour pouvoir vivre individuellement et dans
la société une vie (‹culturelle›),qui
convienne à sa dignité humaine.»1
L’activité économique est un domaine
partiel de la vie, et non toute la vie.
Que l’économie soit là pour que l’homme
puisse vivre une vie digne, voilà qui nous étonne.
En effet, l’humanité partout dans le monde
ne fait-elle pas des guerres pour raisons économiques,
dérobant ainsi à des millions d’hommes
leur digninité ? Le contraire n’a-t-il pas
l’air de s’imposer dans la vie de tous les jours
? « Morality does not pay, la moralité ne paye
pas », titrait Hans Lenk parodiant la déclaration
controversée d’un manager industriel américain
: «Safety does not pay, la sécurité
ne paye pas»2.
La plupart du temps l’action morale ne rapporte pas.
L’éthique au quotidien de l’activité
économique ne semble pas être une valeur recherchée
ni avoir de lobby.
L’éthique ou la philosophie pratique est une
science qui pose la question suivante : Que devons-nous
faire ? Que sommes nous autorisés à faire
? Naturellement l’éthique ne donne pas de réponse
précise et universelle à ce « devoir
» et « pouvoir », mais elle fournit des
lignes de conduite applicables de façon générale,
élaborées systématiquement et méthodiquement
dans le cadre de la science qui lui est spécifique.
Aux acteurs eux-mêmes de prendre les décisions
morales qui en découlent.
Ces bases pluralistes et ces critères éthiques
de l’action peuvent se trouver diversement accentuées
et formulées suivant le temps et le lieu. Nous connaissons
des notions telles que : égalité des droits,
fairness, justice, reconnaissance de la dignité humaine,
adéquation au rendement, partenariat social et solidarité.
De telles notions nous sont entre-temps devenues familières
et ne nécessitent plus de justification. Parfois
de nouvelles notions se créent à propos de
problèmes nouveaux : « durabilité »
et « compatibilité avec l’environnement
» sont des exemples de nouvelles créations.
– L’éthique de l’économie,
en tant qu’éthique appliquée, obéit
à ces critères.
Positions et contenus de l’éthique de l’économie
En tenant compte de ces réflexions, il devient clair
qu’il ne peut exister une éthique universelle
pour l’économie, mais seulement différentes
positions d’éthique économique, qui
ont, chaque fois, un point de départ et des intentions
différentes. C’est à partir de ces prémisses
qu’elles fondent l’action économique.
Nous en montrons brièvement quelques-unes . Il existe
ainsi une éthique économique qui se fonde
sur la théorie des besoins de base de l’homme.
– Au cours des dernières années s’est
développée une éthique économique
fondée sur l’écologie. Des notions telles
que : caractère durable et compatibilité avec
l’environnement, ou encore le principe de responsabilté
trouvent place ici.- L’éthique économique
est également perçue comme une branche d’une
théorie générale de l’agir rationnel,
et trouve ainsi son fondement. – Il existe enfin une
position de l’éthique économique qui
fonde l’action économique selon les critères
de la bienfaisance et de la justice. Après l’implosion
des sytèmes économiques fondés sur
le communisme et après l’apparition du capitalisme
néolibéral qui a suivi, cette position a fait
l’objet d’une large discussion. Etant donné
qu’elle nous semble en rapport avec des modèles
dans le cadre des thèmes de notre projet «
Globalisation et Régionalisation », ou «
Interculturalité », nous allons l’aborder
un peu plus longuement.
Une activité économique adéquate dépend
étroitement de l’équilibre de la polarité
entre individu et communauté (globale). Les droits
de l’homme précèdent et dépassent
l’Etat. Ils ne peuvent cependant être réalisés
que grâce à des constitutions libérales
d’États ancrés dans un regroupement
international et interculturel. Reconnaissance de l’individu,
tolérance, et justice interculturelle sont le terreau
nécessaire aux droits de l’homme. Dans ce contexte
John Rawls3 a développé
à partir de données de base de la philosophie
sociale et des sciences de l’économie de nouvelles
théories de la démocratie, qui en même
temps pourraient servir de fondement à une éthique
de l’économie. Les idées libérales
de Rawls mettent l’accent, bien sûr, sur l’individu,
tout en prenant en compte les intérêts de la
société et l’égalité de
tous les hommes. Contre cette position, et peut-être
encore plus contre le néo-libéralisme qui
ne cesse de s’étendre globalement en entraînant
un individualisme asocial, s’est constitué
le Communitarisme. Il s’agit d’un mouvement
qui prône le bien commun comme base de la vie sociale.
Au lieu de mettre l’accent de façon universaliste
sur l’humanité, le communitarisme et son éthique
se limite à des communautés et des cercles
culturels restreints et voit la solution dans le régionalisme.
– Entre temps une position de l’éthique´économique
est en train de gagner du terrain. Les représentants
de la philosophie interculturelle, comme Hamid Reza Yousefi
l’ont baptisé : «Communitarisme modéré»
: « Un communautarisme interculturel semble, justement
aujourd’hui, un troisième alternative nécessaire
et bienvenue entre un capitalisme néolibéral
et un socialisme idéologiquement embelli. Ainsi les
idées de Mahatma Gandhi sont tout à fait d’actualité
dans la mesure où, pour atteindre une décentralisation
idéale de l’économie, elles plaident
pour une réduction des désirs et un altruisme
qui pénétrerait toutes les structures.4
»5
Venons-en enfin concrètement aux contenus sytématiques
de l’éthique de l’économie
Dans l’article: « Ethique de l’économie
», de Nell-Bräuning6,
toujours d’actualité, l’éthique
de l’économie est structurée en deux
parties : Ethique de l’aménagement de l’économie,
et : Ethique de l’agir en économie. De ces
textes découlent des exigences qui s’adressent
toujours à des personnes physiques, donc des responsables
de l’action soumis à des obligations morales.
En ce qui concerne l’éthique de l’aménagement
de l’économie cela concerne les représentants
des communautés publiques et des institutions de
l’Etat, des organismes inter- et supra-étatiques,
ainsi que des organismes au sein des professions, etc. Dans
l’agir économique sont concernés les
personnes physiques qui agissent pour eux-mêmes, pour
leur famille et leur foyer, leur entreprise ou comme manager
mandatés (à la solde et aux risques de leur
mandataire).
1. Oswald von Nell-Bräuning:
„Wirtschaftsethik“ dans Staatslexikon Recht
– Wirtschaft – Gesellschaft. Freiburg i. B.
(Herder) 1963, pp. 773-780.
2. Voir: Hans Lenk und Matthias
Maring (Ed.): Wirtschaft und Ethik. Stuttgart (Reclam Nr.
8798) 1992, p. 14 und p. 24.
3. John Rawls: Eine Theorie
der Gerechtigkeit. Frankfurt/Main 1979.
4. Hamid Reza Yousefi, in:
Hamid Reza Yousefi/Ram Adhar Mall: Grundpositionen der interkulturellen
Philosophie. Interkulturelle Bibliothek. Nordhausen (Traugott
Bautz) 2005, p. 39.
5. Les 67 pôles de compétitivité,
décidés par le Comité interministèriel
pour l’aménagement du territoire français,
(Le Monde du 13/07/05) semble bien aller dans le sens de
la régionalisation. Le regroupement d’activités
économiques spécifiques sur une surface réduite
facilite non seulement les transports entre les produits
à manufacturer, la recherche etc, mais également
le reclassement de personnel en cas de besoin dans une même
région et à l’intérieur de la
même activité. Il pourrait en résulter
une meilleure qualité de vie grâce à
une sécurité de l’emploi accrue, et,
éventuellement, une meilleure cohésion sociale.
6. Oswald von Nell-Bräuning:
„Wirtschaftsethik“ dans Staatslexikon Recht
– Wirtschaft – Gesellschaft. Freiburg i. B.
(Herder) 1963, pp. 773-780.
Ethique de l’aménagement de l’économie
Les normes de l’aménagement de l’économie
règlementent deux objectifs de l’économie
:
Ceux qui sont chargés de l’organisation de
l’économie ont dans ce processus une haute
responsabilité en ce qui concerne l’ordre et
la constitution, la structure et la conjoncture de l’économie.
Ceci comprend par exemple, chez nous, une quote d’emploi
aussi haute et durable que possible, et, objectif non des
moindres, une grande stabilité monétaire.
« Les organisateurs de l’économie doivent
prendre les hommes non tels qu’ils devraient être
mais tels qu’ils sont. Ce ne sont ni des anges ni
des démons ; avec seulement des démons il
n’y a pas d’économie possible. Jusqu’à
un certain degré il peut et doit faire appel à
la conscience des acteurs économiques, mais il ne
doit pas dépasser une certaine mesure indispensable.
»
Ethique de l’agir en économie
Cette partie principale de l’éthique en économie
traîte des questions particulières essentielles,
comme la répartition, la concurrence et la publicité.
Depuis toujours la question de la répartition est
en rapport étroit avec le juste prix. La répartition
est devenu un système de la croissance et un système
en circuit fermé. Nous devons en conséquence
nous demander aujourd’hui quelle est la manière
de répartir pouvant être considérée
comme socialement satisfaisante. On pourrait aussi se poser
la question de savoir quelles augmentations de salaire sont
« de juste mesure ».
La concurrence est, du point de vue de l’éthique
économique, (une théorie économique
appliquée selon Nell-Bräuning) par principe
justifiée. Sans être un instrument suffisant,
elle est néamoins un instrument indispensable pour
ordonner l’économie selon la liberté.
Une véritable concurrence de rentabilité est
envisageable, mais on doit exclure toute concurrence destructive.
Le critère éthique pour juger la concurrence
est davantage l’effort pour le client, et moins la
lutte contre le concurrent.
La publicité en tant que moyen de concurrence, est
soumise aux même critères que cette dernière.
Une publicité informative est utile à la cause,
et sans risques éthiques lorsqu’elle éveille
des désirs de choses jusque-là inconnues.
Par contre, une publicité suggestive est douteuse,
à plus forte raison une publicité qui emprunte
la voie du subconscient et incite à acheter même
lorsque le pouvoir d’achat n’est pas suffisant.
Ethique pour le marketing en formation
continue pour adultes
Ces réflexions de base sur l’éthique
en économie peuvent s’appliquer à l’éthique
d’un marketing de l’éducation. Le transfert
à la formation continue d’adultes peut se faire
au sein d’un travail de groupe. Nous ne voulons nous
arrêter qu’à quelques points particuliers
à titre d’exemple.
Si l’on applique les idées de Nell-Bräuning
sur l’éthique économique au marketing
de l’éducation, on peut tirer des conséquences
pour l’organisation économique. Les organisateurs
de l’économie dans ce domaine doivent prendre
soin que le marketing en éducation reste possible
au sein d’une libre concurrence. La situation actuelle
où la libre compétition est mise en danger
par les prix de dumping pratiqués par les grosses
entreprises – au détriment parfois de la qualité
–, et où les entreprises de formation de petite
envergure sont chassées du marché, cela n’est
pas justifiable du point de vue de l’éthique
de l’économie. Ici l’Etat devrait, en
tant que garant d’une libre économie de marché,
protéger les entreprises de petite envergure.
Abordons brièvement le domaine de la pédagogie.
Le mot : « marketing de l’éducation »
contient déjà, par le mot : « éducation
», une composante éthique. Dans la tradition
allemande, le mot : « éducation » est
traduit de deux façon : « Bildung » et
« Erziehung ». Ce dernier terme que l’on
peut traduire par : « éduquer, élever
un enfant au sein de la famille », contient une partie
morale. Mais le mot « Bildung » signifie davantage
: apporter à une personne une forme (Bild, image),
c’est à dire offrir des contenus à la
fois moraux et intellectuels. Cette notion allemande reste
pratiquement intraduisible en français et en anglais.
Elle a pris de l’importance à la fin du 18e
siècle, avec Kant, Herder, W. v. Humboldt, Schiller,
Goethe et autres, et signifie toujours, comme contenu et
objectif : auto-éducation et liberté de l’individu.
Cette signification doit rester consciente et ne doit pas
être oubliée par un marketing en éducation.
Si l’éducation continue (Erwachsenenbildung)
veut remplir son rôle, elle doit viser à la
liberté de l’homme. Cette dernière se
réalise dans l’autonomie de l’action,
qui devient : auto-éducation (Selbsttätigkeit,
Selbstbildung). Le pédagogue, dans l’éducation
des adultes aussi, doit se rendre superflue. Il ne doit
pas rendre ses clients dépendants de son offre. –
L’éducation continue pour adultes ne doit pas
être un instrument d’une politique économique
qui cherche la flexibilité pour le marché
du travail à l’aide de rapides reconversions
et recyclages (voir Richard Senett : « L’homme
flexible »), ou qui fait naître des espoirs
d’emploi non réalistes. Le marketing en éducation
ne doit pas éveiller des besoins de formation qui
ne trouveront pas leur chance de réalisation sur
le marché. Ceci ne veut pas dire que l’offre
excluera ce qui, selon Nell-Bräuning, donne les possibilités
de combler d’autres désirs de culture personnelle
et d’éducation pour son épanouissement,
afin de « pouvoir, individuellement et en société
mener une vie (‹culturelle› correspondant à
sa dignité humaine. »
L’origine de la notion d’éducation («
Bildung ») remonte au 17e /18e siècle. Autrefois
il n’était pas question encore d’éthique
de l’économie, encore moins de pédagogie
des handicapés, gender mainstreaming ou apprentissage
interculturel. Mais il semble qu’on ait connu déjà
l’éthique dans le marketing de l’éducation.
Le texte qui suit, du théologien et pédagogue
tchèque Comenius (Komenský) formule de telles
idées éthiques. Ses exigences vis à
vis de l’éducation gardent aujourd’hui
encore toute leur signification pour la discussion du marketing
de l’éducation en Europe –- Jean Amos
Comenius (1592-1670) était l’un des plus grands
savants du 17e siècle. Son influence s’exerça
sur toute l’Europe, et il est considéré
comme un classique de la pédagogie moderne.
« Premièrement nous désirons que de
cette façon parfaite, non seulement un homme quelconque,
peu, ou beaucoup d’hommes soient éduqués
à la véritable humanité, mais que tous
les hommes, jeunes et vieux, pauvres et riches, nobles et
roturiers, hommes et femmes, bref, chaque personne née
être humain. Ainsi c’est toute l’humanité
qui doit être conduite à cette éducation,
tous les âges, états, sexes et peuples.
En second lieu nous désirons que l’homme reçoive
une éducation globale non dans une chose, dans peu
ou dans beaucoup de choses, mais dans tout ce qui rend la
nature humaine parfaite. Il doit savoir le vrai, renoncer
au faux ; Il doit aimer le bon, et ne pas se laisser tromper
par le mal. Ce qui doit être fait, il lui faut l’accomplir.
Ce qui doit être évité, il lui faut
s’en abstenir. Si cela est nécessaire, qu’il
puisse parler en toute sagesse avec tout le monde et sur
tout, et ne jamais rester muet. Enfin, il ne doit pas se
comporter de façon irréfléchie avec
les choses, avec les hommes et avec Dieu ; avec toute chose
il doit agir selon l’ordre. Ainsi il saura ne jamais
dévier du but de son bonheur.
En outre l’éducation doit être approfondie
et toucher tous les domaines. Elle ne doit être ni
faux-semblant ni duperie, mais conforme à la vérité.
Ainsi, l’humanité entière doit être
rendue autant que possible semblable à l’image
de Dieu pour laquelle elle est crée, c’est-à-dire
véritablement raisonnable et sage, véritablement
active et diligente, véritablement ancrée
dans la morale et l’honneur, véritablement
pieuse et sainte, et par tout cela véritablement
heureuse et bienheureuse ici-bas et dans l’éternité.7
»
7.
Johann Amos Comenius: Consultatio catholica de emendatione
rerum humanarum [Consultation générale sur
l’amélioration de la condition humaine, 1645],
Prag 1966, p. 234 ff
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